L'Atlantide - Utopia - Jérusalem céleste - L'arche de Noé - L'abbaye de Fontenay

La Fraternelle - Versailles - Canberra - Le Havre

Philosophes, utopistes, inventeurs sociaux ou artistes ont imaginé des cités pour sociétés harmonieuses où règnerait un bonheur intégral et perpétuel ! Œuvre de littérature avant tout, l’utopie permet souvent une critique radicale de la société qu’elle souhaite transformer.
Déjà, dans sa République (politéa), Platon propose, dans un premier lieu, les bases de l’Etat possible, de l’Etat excellent et de l’Etat idéal – fondé sur les quatre vertus cardinales de sagesse, courage, tempérance et justice – dans lequel la propriété est abolie.
Cet Etat deviendra possible lorsque les philosophes seront au pouvoir ou lorsque les gouvernants deviendront des " philosophes ", c’est à dire des hommes qui " aiment " et " désirent la sagesse ".

Cet Etat idéal est ensuite décrit dans le Timée et le Critias, récit extraordinaire où il est incarné par l’île de l’Atlantide, située au-delà des colonnes d’Hercule (Gibraltar) avant le cataclysme qui les engloutit sous les flots. Il s’agit, pour Platon, de feindre l’existence réelle, perdue dans une lointaine antiquité.
Il donne à l’Atlantide de véritables limites : 5040 habitants pour l’harmonie et l’unité. Ce nombre ne devra jamais augmenter. Sa vision de la cité est fonctionnelle et non-architecturale :

"Ils avaient tout le nécessaire pour la nourriture et l’éducation, mais aucun d’euxne possédait rien en propre ; ils pensaient que tout était commun entre eux tous ; mais ils n’exigeaient des autres citoyens rien au-delà de ce qui leur suffisait pour vivre… Attentifs à garder le juste milieu entre le faste et la pauvreté servile, ils se faisaient bâtir des maisons décentes. "

La propriété privée est abolie et le projet communautaire est clairement établi : ne manquer de rien sans rien posséder.

Immense, regorgeant de toutes les richesses du sol et du sous-sol, fourmillante d’hommes, l’île des Atlantes, rois nés de Poséidon et d’une mortelle, Cleito, a connu au cours des siècles une prospérité inouïe. Divisée en districts, quadrillée de canaux convergeant vers la cité, irriguée par les eaux descendues de ses montagnes ou retenues dans des bassins, l’île était, selon Platon, le séjour atlantique (l’Océan étant alors franchissable) d’une race conquérante. Cette race aurait soumis la Libye jusqu’à l’Égypte, et l’Europe jusqu’à la Tyrrhénie. Une sage administration, sous une royauté juste et héréditaire, avait fait de la cité des Atlantes une ville magnifique.

Le discours autoritaire de Platon va établir un précédent pour tous les utopistes appelés à lui succéder.

Constructeur de la cité idéale ou critique de la démocratie athénienne ?
L’influence de l’Atlantide de Platon est considérable en Occident. A la Renaissance, après 200 ans de silence, avec la découverte de la grande bibliothèque de Constantinople, le rêve de la cité idéale de Platon sera repris maintes fois. Ce rêve permettait aux philosophes de dire ce que devait être tu et de parler librement en délocalisant ou décontextualisant l’objet de leur critique.
La notion d’île, coupée de la réalité sera maintes fois reprise par les utopistes.