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Pour se glorifier lui-même, exprimer au mieux les divers aspects de son rôle ou encore pour organiser la vie de ses sujets, pour leur bien ou le sien, le Prince a toujours souhaité inscrire – éternellement – dans la pierre son pouvoir temporel.
Souvent théâtrales, ces conceptions princières servent et organisent " la comédie du pouvoir ".

Lorsque
Louis XIV décida de transférer sa résidence et toute la cour à Versailles, il opta pour une cité nouvelle idéale au regard de l’idée de nation et de pouvoir qu’exprimait la monarchie absolue.

Si la notion de palais royal, centre de la cité et origine de son développement, a ses racines dans les grandes civilisations moyen-orientales et égyptienne, Louis XIV invente un nouveau modèle, dans la mesure où sa cité réservée ne domine pas la capitale historique mais fonde une nouvelle capitale.

Le développement du pouvoir royal exige un cadre à sa mesure. Louis XIV garde rancune aux Parisiens d’avoir soutenu les frondeurs pendant la Régence. Il ne lui déplaît pas d’installer ailleurs qu’à Paris les ministres et la cour.

Versailles est un palais volontariste construit pour montrer la gloire du souverain, pour gouverner et assurer la bonne gestion du royaume. Lieu de triomphe de la monarchie absolue, Versailles est le symbole de cette union du pouvoir et du divertissement propre à la société de cour. Mal logée, la noblesse se presse à Versailles pour y être vue. Le roi veut conserver tout le monde autour de lui, veut tout voir. Les nobles domestiqués voient leur rôle réduit à celui de courtisan.

A la mort de Louis XIV, le plan cohérent est fixé : il est centré sur la chambre officielle du roi autour de laquelle s’ordonnent les appartements dits de commodité du roi, les cabinets du roi donnant sur la cour de marbre et les grands appartements, enserrant cet ensemble et ouvrant sur les jardins.
Aux côtés du château et du parc, la ville majestueuse qui s’élève face à la cour d’honneur, a une signification politique : la mise en ordre des choses et des hommes dans un ballet parfaitement réglé dont le roi est le maître. En 1663, le roi achète des terrains, la ville est fondée en 1671 : deux paroisses sont organisées. De 45 000 habitants en 1713, Versailles est passé à 70 000 en 1789.

Versailles apparaît donc au XVIIè siècle comme un modèle d’urbanisme. Versailles obéit à un plan cohérent.. La place d’armes, d’où part une large patte d’oie formée de trois avenues, structure le plan de la ville et crée de vastes perspectives, symétrique des jardins et de la forêt, de l’autre côté du château. Autour de la place d’Armes, des hôtels particuliers destinés aux membres de la noblesse sont construits. La ville neuve remplaçant le village s’étend vers le nord, constituant l’actuel quartier Notre-Dame. Les rues sont rectilignes et se coupent à angle droit. L’architecture des maisons est soumise à des normes strictes. . L’urbanisme louisquatorzien est normalisé sur le modèle du premier château : façade en brique et pierre à étage unique, toitures en ardoise sont imposées. La ville porte ainsi " la livrée du château ".

Les dépendances du Château sont aménagées par Jules Hardouin-Mansart.
1- la place d’Armes :
2- la Petite Ecurie abrite les carrosses et les chevaux de trait.
3 - La Grande Ecurie est réservée aux chevaux de selle.
4- Le Grand Commun, actuellement hôpital militaire, séparé de l’aile du Midi par une rue, accueille les services de Bouche (cuisine). Les artistes et les valets y sont logés.
5- Le Potager du Roi, jouxtant la Pièce d’Eau des Suisses, est aménagé de 1678 à 1683 sur les plans du jardinier Jean-Baptiste de la Quintinie. On y cultive les fruits et les légumes présentés aux tables du roi et de la cour.
6- Ministère de la Guerre (1759-1762)
7- Ministère de la Marine et des Affaires étrangères (1759-1762).

Versailles est un modèle pour toute l’Europe. D’Aranjuez bâti contre Madrid pour Ferdinand VI (le fils de Philippe V avait grandi à Versailles) jusqu’au Karlsruhe du margrave Karl de Bade ou au château de Schönbrunn à Vienne. La ville de Versailles a son pendant européen avec Saint-Pétersbourg, ville capitale conçue ex-nihilo, édifiée elle aussi contre la nature : les plans du château de Peterhof ne sont-ils pas l’œuvre de Leblond, élève de Le Nôtre ?