Les sociétés de Compagnonnage pratiquent depuis des siècles des rites et expriment leurs valeurs à travers des symboles.
Les rites sont de plusieurs natures :
rites de passage dun état à un autre ( de stagiaire à aspirant ou affilié, daspirant ou affilié à Compagnon, de Compagnon à Compagnon fini )
rites didentification ( reconnaissance de lappartenance à une même société ou à un même Devoir )
rites de célébration ( lors de fêtes patronales : la Saint-Joseph des charpentiers, la Sainte-Anne des menuisiers, etc. )
rites de bienvenue ou de départ ( conduites )
rites funéraires ( lors des obsèques dun Compagnon )
Le contenu de ces rites varie dune société à une autre. Certains consistent en des épreuves (professionnelles, morales, physiques) lors des réceptions, pour apprécier les capacités du futur aspirant ou Compagnon. Dautres rites reposent sur des échanges de mots et des attouchements (accolades, poignées de mains) et permettent de vérifier lappartenance réelle dun Compagnon à sa société.
Dautres expriment les liens de fraternité entre Compagnons (le plus connu est celui de la « chaîne dalliance »). Il existe aussi des rites lors des cortèges, fêtes, départs, etc., où intervient parfois la canne, symbole du tour de France.
Les symboles sont nombreux et variables, eux-aussi, dune société de métier à une autre. Comme des rites, ils constituent en quelque sorte le « patrimoine culturel » et définissent lidentité de chaque compagnonnage.
Les symboles expriment des valeurs, des principes, destinés à guider le Compagnon dans sa vie dhomme de métier. Ce sont des outils de réflexion et la traduction dun enseignement par limage. Leur impact sur laffectivité et la mémoire renforce le sentiment dappartenance à un groupe durant toute la vie du Compagnon.
À ce titre, les attributs traditionnels du Compagnon que sont la canne et les « couleurs » ( rubans ), de même que son propre surnom, revêtent une valeur symbolique.
Parmi les symboles les plus souvent figurés sur les couleurs et dans liconographie compagnonnique, on peut relever : le compas et léquerre entrecroisés, les mains enserrées, le chien, le temple de Salomon, la couronne de fleurs, les palmes, les cannes en croix, le labyrinthe, la ruche et les abeilles, ainsi que des divinités allégoriques ( Minerve pour la Sagesse, La Justice tenant une balance et une épée ).
Certains de ces rites et de ces symboles sont issus de traditions chrétiennes, dautres ont été empruntés à la franc-maçonnerie ( au XIXè siècle ), dautres encore sont spécifiques à tel ou tel métier. Quelles que soient leurs origines, les uns et les autres expriment lidentité de chaque compagnonnage et, loin de se confondre avec un folklore désuet, ils assurent la pérennité de valeurs liées à la bonne pratique du métier et aux devoirs du Compagnon envers ses « pays » et « coteries », autant quenvers les autres hommes.
Laurent Bastard, Chargé de Conservation
Musée du Compagnonnage de Tours