Chandigarh - Shanghai
« Qu’elle soit une ville nouvelle, symbole de la liberté de l’Inde, désentravée des traditions du passé...une expression de la confiance de la nation dans le futur.

Nehru, le 8 juillet 1950

En 1950, le 1er ministre de l’Inde, Nehru commande à Le Corbusier le plan de la capitale d’un nouvel état indien qui vient de se former : Le Punjab.
Cette capitale, qu’on nommera Chandigarh, concrétisera le rêve de l’Architecte et penseur Le Corbusier : celui de créer une ville de toutes pièces.
C’est à cette tâche, aidé de son cousin Pierre Janneret, ainsi que d’architectes anglais et indiens qu’il s’attellera jusqu’en 1965


La " City beautiful "

Fidèle à ses convictions concernant le rôle de l’architecte dans l’organisation sociale et spatiale, Le Corbusier tentera de faire de Chandigarh une ville modèle, à la fois belle fonctionnelle, et citoyenne ; Il essaiera notamment d’allier technologie avancée et culture indienne millénaire en dotant le nouvel état indien naissant d’instruments modernes qui devaient lui permettre de s’insérer dans le monde contemporain et de représenter un idéal aux yeux de tous les pays du Tiers-monde.
Il renonce au concept de ville verticale qu‘il a souvent préconisé et opte pour une cité horizontale qui selon lui s’adaptait mieux à l’état d ‘esprit et l’environnement indiens. Il conçoit Chandigarh comme une ville " de marche et de voitures ", dans laquelle véhicules motorisés( qui seront en réalité peu nombreux dans ce pays pauvre) et piétons ne devaient pas se croiser.
Toujours selon ses préceptes, Le Corbusier tente de faire de Chandigarh une ville verte. A cet effet il y ménage de nombreux espaces inconstructibles réservés en principe à la végétation (là encore, la réalité contredira les préceptes et beaucoup de ces espaces resteront non plantés ou seront annexés par les autorités.)
Il fait réaliser un lac artificiel, lieu de détente et réserve d ‘eau pour la saison sèche.

Et bien sûr Le Corbusier emploiera systématiquement le béton armé dans ces constructions. Son matériau de prédilection s’avérera malheureusement assez peu propice à ce climat extrême ( 47°à l’ombre en saison chaude) car il est peu isolant.
Il se dégradera en outre très rapidement sous les effets de la chaleur et de l’humidité conjuguées. Il faut souligner que Pierre Janneret, l’architecte qui seconde Le Corbusier et qui travaillera essentiellement sur les programmes de logements sociaux, préconisera d’utiliser pour les habitations et les quartiers populaires, la brique locale et l’argile, matériaux traditionnels plus adaptés et moins onéreux que le béton le fer et le verre.

Chandigarh avait été conçue par Le Corbusier pour environ 500 000 habitants. Elle en compte aujourd’hui avec sa proche périphérie environ 1 million. Résultats : la ville étouffe sous la pollution et le manque d’eau. Les logements manquent aussi d’où une prolifération de bidonvilles et d’abris précaires construits çà et là, à l’emplacement de ce qui devait constituer des espaces verts.

Le Corbusier divisa sa ville de 500 000 habitants en secteur de 5000 personnes, chaque secteur formant une unité urbaine disposant d’écoles, d'hôpitaux, centres commerciaux, de clubs et de parcs.
La ville offre quatre grands pôles d’activités : Le complexe du Capitole (centre du gouvernement conçu par Le Corbusier), Le centre ville comprenant les édifices publics et culturels ( postes, banques, cinémas, restaurants), l’Université du Punjab au N.O et la zone industrielle au S.E (séparée de la ville par une " ceinture verte ").